L’industrie de la construction est l’un des principaux moteurs de l’économie. Il y a à peine trois mois, l’industrie œuvrait dans un contexte de surchauffe et de pénurie de main-d’œuvre. Dans la frénésie du moment, personne n’aurait pu imaginer qu’une pandémie mondiale telle que celle du Coronavirus aurait pu la freiner aussi brusquement, mais le 25 mars dernier, le Gouvernement du
Québec a ordonné la fermeture de tous les chantiers des secteurs non-essentiels pour éviter la propagation du virus. Cette mesure préventive a engendré des pertes substantielles de revenus aux entreprises de la construction et le licenciement temporaire de milliers de travailleurs.
Les chantiers sont maintenant tous réouverts, mais les règles ont changé. La CNESST a établi de nouvelles normes de travail selon les recommandations des instances de la santé publique, afin d’assurer la santé et la sécurité de tous et d’éviter la propagation du virus. Les obligations des travailleurs de la construction sont nombreuses et elles génèrent chez certains d’entre eux, stress et anxiété. On note également de façon générale une diminution de la productivité et des dépenses supplémentaires.
L’entrepreneur général doit par exemple, voir à la réorganisation des tâches afin de limiter le nombre de travailleurs simultanément présents sur le chantier. Il doit planifier la circulation sur le chantier de façon à limiter les interactions entre les travailleurs et faire respecter le 2 mètres de distanciation sociale. Si des tâches doivent être effectuées à l’intérieur du 2 mètres, le port d’équipement de protection supplémentaire telle que la visière et des gants est obligatoire. Chacun doit avoir ses propres outils de travail et veiller
à les désinfecter régulièrement. Ils doivent également se laver les mains fréquemment, donc des stations de lavage de mains doivent être mises à la disposition des travailleurs. Le responsable de chantier a la responsabilité de faire respecter l’ensemble de ses nouvelles mesures et de contrôler les entrées et les sorties pour veiller à ce qu’aucun travailleur présentant des risques de contagion n’y accède et le tout doit être consigné dans un registre.
Certaines mesures seront temporaires et d’autres sont là pour rester. Une chose est certaine, ces changements nécessiteront une période d’adaptation, mais lorsqu’ils seront maîtrisés, ils deviendront la nouvelle norme. Après tout, ce n’est pas la première fois et ce ne sera assurément pas la dernière que des changements de la sorte seront imposés aux acteurs de la construction. Il y a une vingtaine d’années, lorsque la CNESST a instauré sa politique de tolérance zéro visant à mettre fin au laxisme en obligeant les entreprises à faire respecter les mesures préventives sur les chantiers, il y a également eu une période d’adaptation. De nombreux entrepreneurs avaient vu leur productivité chuter et leurs coûts d’opération augmenter. Aujourd’hui, ces mesures font partie de la routine et des dépenses courantes.
Le changement génère souvent de nouvelles opportunités et permet de progresser. Cette nouvelle distanciation sociale imposée a forcé tout le monde à utiliser la technologie davantage, et ce autant sur les chantiers qu’aux centres administratifs. Ceux qui y résistaient encore y voient probablement plus d’un avantage aujourd’hui. Le télétravail et les réunions virtuelles permettent par exemple d’économiser temps et argent en éliminant les déplacements inutiles et les pertes de temps dans le trafic qui contribue un peu plus chaque jour à la pollution de notre planète ? La pandémie servira-t-elle d’accélérateur de changement qui fera progresser l’industrie de la construction en la rendant plus efficace, productive et sécuritaire ? L’avenir nous le dira, mais on ose le croire !
Louis Lavigne