Depuis plus de six mois, la crise sanitaire et économique causée par la COVID-19 a chamboulé nos vies,
nos milieux de travail et nos industries. Elle a également mis en lumière l’importance fondamentale de la recherche et de l’innovation pour notre santé, pour notre économie ainsi que pour notre société en général.
Au fil de mes rencontres avec des entrepreneurs et des dirigeants de partout au Québec, j’ai la ferme conviction que nous ne devons pas attendre l’après-COVID pour bâtir l’économie de demain. Nous devons plutôt apprendre à vivre dans un monde avec COVID et prendre dès aujourd’hui les virages nécessaires. Pour les entreprises et les gestionnaires, cela signifie beaucoup d’adaptabilité et une capacité à se concentrer sur l’obtention de résultats à court terme, tout en continuant à planifier et mettre les bases pour le moyen et le long terme. C’est un défi de taille.
Une opportunité historique
Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise disait Winston Churchill. Pour les entreprises, c’est encore plus vrai. Le télétravail, la santé mentale, la numérisation des affaires et les ajustements pour solidifier les chaînes logistiques sont quelques-uns des grands changements qui se sont mis en place dans les jours et semaines après le début de la pandémie. Plusieurs entreprises se sont complètement transformées et d’autres ont profité du moment pour changer ou accélérer leurs projets stratégiques.
Vous le savez, l’innovation se fait soit parce qu’il y a une menace, soit parce qu’on y trouve une opportunité. La menace, nous la connaissons tous. L’opportunité, c’est de travailler ensemble. Depuis les 25 ans que je travaille auprès des entreprises du Québec, j’ai rarement vu autant de collaborations entre les PME et leurs partenaires que durant les derniers mois. Il s’agit d’un réflexe qui j’ose espérer, sera un des apprentissages positifs que nous garderons de cette pandémie. Plutôt que de travailler seules, les entreprises demandent de l’aide, vont vers des ressources nouvelles et les utilisent comme levier pour mieux avancer.
L’innovation et la collaboration
Dans un grand sondage Léger, en collaboration avec EY et le Fonds FTQ, fait à l’automne 2019, auprès de 800 dirigeants de PME de plus de 25 employés partout au Québec, dont 115 dirigeants de PME de la Montérégie, nous avons mesuré les moteurs et les freins à l’innovation au Québec.
70 % des PME nous disaient alors être confiantes de pouvoir faire face aux perturbations qui allaient se produire dans leur industrie. Toutefois, elles étaient 54 % à n’avoir rien investi pour développer un projet d’innovation. Celles qui développaient des projets le faisaient majoritairement seules et avec leurs fonds propres, sans maximiser les leviers disponibles.
Personne ne pouvait penser que la plus grande crise en une génération était à nos portes. Mais pour celles qui étaient accompagnées par leur CA, qui avaient les réflexes d’investir en innovation, de collaborer avec des chercheurs ou de penser trois ou quatre coups d’avance, la crise a souvent été moins difficile.
Avant la crise, les entrepreneurs nous disant que tout allait trop vite et qu’ils n’avaient pas le temps de se projeter dans l’avenir. Aujourd’hui, certains nous disent qu’il y a trop d’incertitude. Il n’y a pas là de mauvaise réponse, plutôt une question de priorisation dans un monde en pleine transformation.
Alors que les liquidités doivent être utilisées de manière stratégique et que les marchés sont encore fragiles, mieux vaut collaborer avec des partenaires forts comme nos chercheurs et utiliser les leviers disponibles mis à votre portée afin de développer vos projets d’innovation.
Une seconde vague d’instabilité plane au-dessus de nous tous et ce sont les entrepreneurs innovants, visionnaires et audacieux qui nous permettront collectivement de développer l’économie de demain. Êtes-vous de la partie ?
Isabelle Foisy
Présidente-directrice générale, QuébecInnove